La 5e édition du Panorama des fondations et fonds de dotation créés par des entreprises mécènes est sortie ! Cette étude est l’occasion d’analyser les grandes tendances qui ont marqué le mécénat d’entreprise depuis une décennie et d’esquisser celles qui pourraient influencer les années à venir.
Pour cette édition 2022, Vincent Page, Directeur de l’innovation sociale chez Les entreprises pour la Cité nous partage son regard sur le mécénat collectif.
Par Vincent Page, Directeur de l’innovation sociale, Les entreprises pour la Cité
Crise énergétique, canicules, pandémie… Les crises sociales et environnementales font sans cesse l’actualité et leurs niveaux d’envergure sont inédits.
Au sein des Entreprises pour la Cité, nous sommes convaincus que le « jouer collectif » se révèle indispensable pour apporter des réponses à la hauteur des enjeux actuels. Notre réseau observe régulièrement la volonté des entreprises de travailler ensemble au profit d’une même cause d’intérêt général afin de multiplier les impacts du mécénat, d’associer des idées, des moyens, des approches différentes ou encore de favoriser le changement d’échelle des innovations sociales.
Toutefois, les données 2022 du Panorama des fondations et des fonds de dotations créés par des entreprises mécènes mettent en avant une dynamique qui tend à s’essouffler.
Tandis que ces structures étaient 60 % en 2018 et 45 % en 2020 à pratiquer le mécénat collectif, elles ne sont plus que 38 % en 2022. Cette tendance à la baisse trouve deux explications principales : un contexte économique et sanitaire qui a poussé les mécènes à se recentrer sur leurs activités prioritaires ainsi qu’une meilleure compréhension de ce que le mécénat collectif implique – et qui va au-delà d’un simple co-financement de projet. Il semble important de rappeler que dans un monde aux ressources limitées et aux besoins sociaux et environnementaux grandissants, l’action de toutes les partie-prenantes est inévitable, et l’action collective souhaitable.
Plusieurs initiatives de mécénat collectif l’illustrent, comme le Fonds de dotation Les Petites Pierres, animé par un collectif de mécènes engagés qui abonde les dons faits sur la plateforme de crowdfunding afin de soutenir des projets de lutte contre le mal-logement ; ou encore L’Entreprise des Possibles, un collectif d’entreprises lyonnaises engagées, avec leurs collaborateurs, aux côtés d’acteurs publics et d’associations pour aider les sans-abris et les plus fragiles. Si les initiatives de mécénat collectif existent, il reste que leur préfiguration, leur construction et leur animation demandent temps, moyens et volonté.
« Les défis sociétaux sont immenses, et la force de frappe du collectif aussi : tout le défi réside dans le fait de pouvoir maintenir l’émulation collective dans la durée. »
« Au-delà de son efficacité, la méthode pour « faire ensemble » est aussi importante que les résultats eux-mêmes » peut-on lire dans le Guide du « faire ensemble » publié par La Fonda.
Pour cela, désigner un chef d’orchestre du projet, chargé de fédérer l’ensemble des acteurs autour d’une même ambition, est souvent primordial. S’engager dans l’aventure du mécénat collectif nécessite aussi un changement de posture de la part de l’entreprise : préférer la coopération à la compétition, accepter de mettre en avant le collectif avant sa propre organisation, y consacrer des moyens dans la durée sans nécessairement avoir a priori de visibilité sur les impacts générés.
En collaborant avec d’autres mécènes, les véhicules philanthropiques croisent leurs expertises et leurs savoir-faire pour démultiplier et diversifier leur soutien aux projets d’intérêt général. Ils peuvent notamment jouer de leurs complémentarités en apportant un soutien financier, en nature ou en partageant les compétences de leurs collaborateurs. Ils expérimentent également de nouvelles manières de collaborer, auprès d’acteurs divers : pouvoirs publics, citoyens, acteurs de l’ESS voire entreprises concurrentes.
Ces initiatives de différente nature ont également une autre vertu pour les acteurs de l’intérêt général dans leur ensemble : apporter une réponse coordonnée à un besoin sociétal identifié peut être générateur de changement systémique, en permettant d’adresser les causes profondes qui sont à l’origine des dysfonctionnements d’un système. Les défis sociétaux sont immenses, et la force de frappe du collectif aussi : tout le défi réside dans le fait de pouvoir maintenir l’émulation collective dans la durée, au-delà de son lancement, et d’en évaluer les effets afin d’en ajuster les modalités.
Un rôle que les fondations d’entreprises ont toute légitimité à prendre du fait de leur modèle hybride et de leur capacité d’innovation sociale. À présent que les implications opérationnelles du mécénat collectif sont mieux appréhendées, n’est-ce pas le bon moment de relancer l’émulation collective pour de véritables changements systémiques ?
Retrouverez l‘intégralité de l’étude du Panorama 2022 ici.
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