Secrétaire générale de la Fondation groupe RATP depuis 2017, Florence Javoy a débuté sa carrière dans le domaine de la médecine et de la recherche clinique, avant de s’orienter vers les thématiques de sciences et société au sein du Centre National de la Recherche Scientifique. Portrait d’une femme engagée, qui a toujours eu à cœur de placer l’humain et l’intérêt général au centre de son travail.
Un parcours à l’interface de la médecine, de la recherche, et de la Société
Aujourd’hui Secrétaire générale de la Fondation groupe RATP, Florence Javoy présente son parcours professionnel comme ʺatypique et non-linéaireʺ. Sa carrière suit pourtant un fil rouge, cohérent, qu’elle confie n’avoir ʺjamais lâchéʺ : le désir profond de se rendre utile aux autres, en favorisant le partage des connaissances et en travaillant avec des acteurs associatifs. Au cours de ses différentes expériences professionnelles, auprès des patients hospitalisés, au sein d’un cabinet ministériel, ou dans des laboratoires de recherche scientifique, Florence Javoy a toujours su mettre à profit ses qualités relationnelles et son sens de l’écoute.
Elle s’oriente tout d’abord vers l’apprentissage de la médecine à l’université, pendant une dizaine d’années. Un domaine qu’elle n’avait pas imaginé étudier initialement mais qui l’attire de par la forte dimension relationnelle avec les patients et les équipes soignantes. «Ce qui me plaisait dans ce métier, c’était la technicité demandée, aussi bien dans les gestes que dans les raisonnements, alliée à la force des rapports humains», explique-t-elle. Une formation initiale passionnante, mais difficile, « où l’on peut vivre des moments très durs », se souvient-elle en évoquant son internat au SAMU de Créteil.
Son doctorat en médecine porte sur la pharmacologie clinique, ce qui l’amène assez naturellement à exercer son premier poste dans l’industrie pharmaceutique. Elle renoue ensuite assez rapidement avec l’Hôpital public en travaillant au sein de la Délégation à la Recherche Clinique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Un poste qui lui permet de toucher de près les réglementations des essais cliniques, ainsi que les réflexions éthiques associées qu’elle retrouvera dans ses fonctions ultérieures.
L’année 1997 marque un tournant dans sa carrière. En devenant Conseillère technique auprès du ministre de l’Education nationale, de la recherche et de la technologie, elle prolonge son expérience de l’administration publique et trouve un environnement professionnel «extrêmement vivant, stimulant et également très enrichissant.» Dans le cadre de ses fonctions, elle côtoie en effet de nombreux interlocuteurs sur les sujets liés à la recherche en sciences du vivant, aux brevets technologiques et à l’interface science et société. Cette expérience constitue un moment charnière de sa vie pour une deuxième raison : elle y découvre «d’autres façons de faire, de travailler, et notamment celles du monde associatif», confie-t-elle. Elle ajoute : «C’est en rencontrant ces divers interlocuteurs, des scientifiques, des collectivités locales, le monde académique, et les associations, que j’ai pris pleinement conscience du rôle très important que jouent ces dernières. Les associations ne sont pas juste des parties-prenantes qui peuvent faire pression d’une façon ou d’une autre, ce sont aussi des producteurs de connaissances, des acteurs de terrain qui agissent, alertent et imaginent des solutions», souligne Florence Javoy.
En 2000, elle quitte l’administration pour explorer le domaine qui lui tient à cœur : les relations entre sciences et société, au sein du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Elle crée notamment, avec d’autres, une unité mixte de service entre le CNRS et l’Université d’Evry, afin «d’aider les acteurs publics à prendre des décisions éclairées en leur fournissant des informations scientifiques». Puis elle devient Responsable de la médiation scientifique et de la communication du Centre de Sociologie de l’Innovation, un laboratoire de recherche créé par le CNRS et Mines–ParisTech. Dans ce laboratoire, Florence Javoy s’intéresse notamment aux formats de la démocratie technique et aux rôles des différentes parties-prenantes, dont ceux des associations. Quels sont leurs intérêts, leurs stratégies ? Comment interviennent-elles dans le débat public ? Autant de questions qu’elle a abordées dans ce laboratoire, au travers notamment des cours qu’elle dispensait aux jeunes élèves de l’école. Au contact des associations et des étudiants, cette expérience professionnelle renforce chez elle l’idée que les acteurs associatifs sont incontournables.
Tentée par des fonctions de management, Florence Javoy effectue ensuite un master 2 en gestion publique à l’Université Paris-Dauphine et l’ENA puis devient Directrice administrative du laboratoire de biologie du développement (CNRS-Université Pierre et Marie Curie-INSERM). Une expérience qu’elle juge intéressante au regard de ce qu’elle y a appris : l’accompagnement du personnel, la médiation et la négociation.
C’est alors qu’on lui propose le poste de Secrétaire générale de la Fondation groupe RATP. Une opportunité qu’elle n’a pas hésité à saisir : «Rejoindre la Fondation groupe RATP était une chance. Cela a résonné en moi comme une évidence, car cette mission avait réellement un sens très fort pour moi et me permettait d’être utile aux autres dans mon métier au quotidien.»
Une Fondation qui tisse des liens entre l’entreprise et son territoire
L’enthousiasme de Florence Javoy est d’autant plus fort qu’il s’agit de travailler pour une Fondation d’entreprise reconnue de longue date pour sa proximité avec les acteurs associatifs locaux. La Fondation du groupe international de transports, créée en 1995, soutient des projets d’intérêt général, inclusifs, au cœur des territoires d’implantation du groupe RATP, dans 8 pays et sur 4 continents. Elle agit localement pour favoriser la mobilité sociale, au travers de ses 4 programmes d’actions, qui se concentrent sur l’accès à la culture, à l’éducation, à l’emploi et à la transition écologique. La Fondation souhaite d’ailleurs investir de plus en plus ce dernier axe, qui constitue un problème majeur de société et une priorité pour l’entreprise.
La Fondation groupe RATP a deux missions principales, qu’elle tente de «faire converger le plus souvent possible» : soutenir des associations sur le terrain et favoriser l’engagement solidaire des collaborateurs du Groupe. Florence Javoy a une idée bien précise du rôle que doit jouer une fondation d’entreprise, et ce n’est certainement pas celui de danseuse du Président : «La Fondation doit pouvoir créer des ponts, avec l’entreprise, et avec son territoire d’implantation. Elle doit être un point de rencontre, d’ancrage…» estime-t-elle. Elle cite par exemple le soutien de la Fondation groupe RATP au REseau Français des Etudiants pour le Développement Durable (REFEDD), qui permet aux étudiants d’effectuer des visites de sites écoresponsables appartenant à la RATP, et aux collaborateurs de l’entreprise d’échanger avec ces derniers sur les sujets de développement durable. «Des petites actions qui tissent des liens entre l’entreprise et la Fondation, et qu’il faut démultiplier» précise Florence Javoy. Autre exemple tout aussi évocateur : la mise en place prévue fin 2019 du dispositif de l’Arrondi solidaire sur salaire pour tous les collaborateurs du Groupe, «démarche impulsée par la Fondation pour que nos collègues aient la possibilité de contribuer facilement et collectivement à une grande cause sociétale» explique-t-elle.
Des actions concrètes qui ancrent la Fondation groupe RATP dans la stratégie de l’entreprise, comme en témoigne l’inscription de la Fondation parmi les 6 compétences clés de l’architecture de marque du Groupe, revue en octobre 2018. Toutefois, malgré cette relation étroite avec l’entreprise, Florence Javoy tient à poser des limites claires entre les activités de mécénat portées par la Fondation et celles relatives à la RSE, gérées par une unité dédiée au sein de la direction de l’innovation. «Bien que les frontières entre RSE et mécénat soient souvent poreuses et que d’une certaine manière la Fondation contribue à la RSE, elle n’en fait pas partie au sens strict», déclare-t-elle.
Un rôle d’innovateur social
Quand on l’interroge sur sa vision du mécénat d’entreprise, Florence Javoy affirme son positionnement : «les fondations ont la responsabilité d’expérimenter, d’innover socialement». Selon elle, les 5 ans d’existence minimum prévus dans le statut d’une fondation d’entreprise, leur permettent d’établir un plan d’action clair avec des fonds alloués pendant une période définie. «Ayant cette stabilité, elles peuvent être des acteurs de l’innovation», ajoute-t-elle.
Selon Florence Javoy, les fondations d’entreprise pourraient également à l’avenir explorer d’autres modes d’intervention, telle que la constitution en collectif pour agir au service d’une même cause d’intérêt général, à l’image des programmes déployés par United Way L’Alliance, ou l’Alliance des fondations pour les outre-mer, dont la Fondation groupe RATP est membre. « D’une part, ces collectifs permettent de mutualiser nos moyens et nos expertises au service d’une même cause, pour démultiplier l’impact de nos actions, et d’autre part, cela permet de porter les problèmes aux yeux de la Société. Après tout, n’est-pas le rôle d’un mécène ? » conclut-elle.
Propos recueillis par Oriane Hostin
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