Le 31 mai dernier, Les Entreprises pour la Cité et Pro Bono Lab co-organisaient un événement portant sur l’influence des plateformes d’engagement solidaire sur les relations entreprises-associations. A cette occasion, Cédric Laroyenne, Directeur de l’engagement du Groupe EPSA et Délégué Général d’EPSA Foundation, Fatem-Zahra Bennis, Directrice Adjointe de l’association Ikambere et Martin Silvestre, Head of Impact au sein de Vendredi sont intervenus afin d’apporter le regard des différents acteurs du secteur.
Pour faire face aux enjeux sociétaux et environnementaux actuels et répondre à la recherche de sens de leurs collaborateurs, un nombre croissant d’entreprises leur proposent de s’engager dans des missions solidaires. Dans ce contexte, certaines s’outillent de plateformes numériques d’engagement, qui facilitent la mise en relation avec des acteurs d’intérêt général ainsi que le suivi des missions proposées.
Ces plateformes sont actuellement opérées par plusieurs acteurs français ou étrangers, proposant une diversité de modalités d’engagement et de partenaires associatifs.
Réflexion réalisée par Pro Bono Lab pour différencier les différents modèles de plateformes
L’usage de ces plateformes présente de nombreux avantages, dont ceux de faciliter la gestion des collaborateurs engagés auprès d’acteurs associatifs ou d’augmenter la visibilité d’associations moins connues des entreprises. Toutefois, l’utilisation de ce type de plateformes peut influer sur les relations existantes entre entreprises mécènes et porteurs de projets associatifs.
Pour évoquer ces mutations, les équipes de l‘association Les entreprises pour la Cité et de Pro Bono Lab ont convié Cédric Laroyenne, Directeur de l’engagement d’ EPSA et Délégué Général d’EPSA Foundation, Fatem-Zahra Bennis, Directrice Adjointe de l’association Ikambere, et Martin Silvestre Head of Impact au sein de Vendredi le 31 mai 2022 au sein des locaux d’Ekimetrics. Co-animé par Yann Tanguy, Délégué général de Les entreprises pour la Cité et Agathe Leblais, Directrice générale de Pro Bono Lab, l’évènement fut l’occasion de découvrir les visions de ces différentes parties prenantes et de recueillir le témoignage des participants en présentiel ou à distance.
Regards croisés sur le rôle des plateformes d’engagement
Dans un premier temps, Martin Silvestre, Head of Impact de Vendredi, a rappelé que la plateforme Vendredi est née pour répondre à certains besoins des entreprises telle que la gestion d’un volume important de collaborateurs qui souhaitent s’engager ou encore la difficulté d’identifier des associations sur le terrain. En plus de faciliter l’engagement des entreprises et de leurs collaborateurs, Vendredi veille à ce que la plateforme réponde au mieux aux besoins des associations. Enfin, Martin a rappelé que le développement des plateformes s’est accompagné d’un changement de vision des entreprises vis-à-vis du mécénat de compétences, passant ainsi d’une vision “RH”, à une vision “RSE” : le mécénat de compétence autrefois réservé à quelques collaborateurs en fin de carrière a été aujourd’hui démocratisé. « Les entreprises souhaitent savoir comment engager tous leurs salariés dans des missions d’engagement et proposer des formats d’engagement différents : missions courtes, ou longue durée… » déclare Martin Silvestre.
Selon Cédric Laroyenne, l’enjeu qui se pose avec ces outils est lié à la manière dont les entreprises conçoivent l’engagement des collaborateurs.
Pour une partie d’entre elles, l’objectif se résume à accroître significativement le nombre de collaborateurs engagés sans pour autant questionner les modalités d’engagement ni étudier l’impact de l’engagement de leurs collaborateurs sur les associations. « Quand on demande l’atteinte de 30% de collaborateurs mobilisés, on arrive à un clientélisme de l’engagement », affirme–t-il. D’après lui, les politiques des entreprises en matière de mécénat de compétences devraient s’aligner sur leurs missions d’intérêt général, en servant avant tout les besoins des acteurs de terrain. Pour cela, privilégier des missions longues permet un vrai engagement du collaborateur au sein de l’association.
Par la suite, Fatem-Zahra Bennis, Directrice de Ikambere, une association dédiée à l’autonomie des femmes en grande précarité ayant des maladies chroniques, a mis le doigt sur la pression parfois exercée par les entreprises qui souhaitent engager leurs collaborateurs. « Nous sommes face à des formes d’engagement qui ne sont pas forcément en cohérence avec les besoins du secteur associatif » précise-t-elle. Fatem-Zahra a également souligné le décalage entre les besoins des associations et les exigences des mécènes en matière de mécénat de compétences. « On se retrouve parfois avec le sentiment d’être dans une consommation de l’engagement, avec une check-list établie par les entreprises sur les modalités des engagements de leurs collaborateurs » ajoute-elle.
Vers une évolution de l’utilisation des plateformes d’engagement ?
Agathe Leblais a ensuite demandé aux intervenants de partager des recommandations à mettre en œuvre afin d’optimiser l’utilisation de plateformes d’engagement. Cédric Laroyenne a mis le doigt sur les modalités d’engagement proposées par les entreprises, qui reposent principalement sur des missions de courte durée. Celles-ci doivent s’adapter afin de mieux répondre aux besoins associatifs et pérenniser davantage les partenariats avec les associations. D’après lui, cette démarche permettra aux entreprises de mieux sensibiliser les collaborateurs aux enjeux sociétaux et de renforcer leur impact auprès des associations. Comme l’évoquait Fatem-Zahra, cela permettrait également de mettre fin à cette nouvelle tendance de la “consommation de l’engagement” qui s’éloigne de la notion de l’engagement bénévole et de l’intérêt général.
Pour Martin Silvestre, la mobilisation de toutes les parties-prenantes est capitale afin d’identifier les contraintes et les rôles de chaque partie. Les plateformes ont un potentiel dans la création de la valeur dont il faut avoir conscience.
D’après Fatem Zahra Bennis, il faudrait également étudier l’impact du mécénat de compétences sur les associations et ainsi mettre en valeur les formes d’engagement créatrices de la valeur.
Les animateurs de l’évènement ont également pris du temps pour recueillir les témoignages et questions des participants, composés d’acteurs associatifs et de mécènes. Leurs propos ont appuyé les points de vue de Martin Silvestre et de Cédric Laroyenne sur l’impérativité de la co-construction des missions d’engagement entre les deux parties concernées ainsi que sur la pérennisation des relations. En parallèle, les entreprises ont avancé que les missions solidaires, bien que de courte durée, peuvent contribuer à changer le regard des collaborateurs sur le monde associatif.
Forts de ces discussions, Les entreprises pour la Cité et Pro Bono Lab ont affirmé leur volonté de poursuivre ces réflexions lors d’autres temps-forts à venir auxquels mécènes, associations et acteurs opérateurs de plateformes seront conviés.
Pour accéder au replay de l’événement, cliquez ici.
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