Pour être plus efficace, améliorer leurs pratiques, et obtenir un impact social toujours plus important, de plus en plus de fondations d’entreprise décident volontairement d’évaluer les impacts de leurs actions au regard des besoins sociétaux exprimés sur leur territoire par leurs associations partenaires et des impacts constatés sur leurs bénéficiaires. Karine Viel, Déléguée générale de la Fondation Monoprix, dévoile pour mécénova.org comment un sondage mené auprès des Français avec IPSOS et une évaluation d’impacts de la Fondation Monoprix ont permis de préciser le champs d’action de la Fondation autour de la solitude en ville.
Pourriez-vous nous présenter les caractéristiques et modes d’actions de la Fondation Monoprix ?
La Fondation Monoprix a été créée en 2009 pour prolonger l’implication de l’entreprise au cœur des villes, pour la rendre plus ouverte et plus solidaire. Exerçant notre activité de commerçants en centre-ville, nous savons que, si la ville peut être un formidable lieu de vie et d’innovation, elle est aussi un lieu d’exclusion et de souffrance sociale. C’est pourquoi les actions de la Fondation Monoprix ont été définies autour de deux axes d’intervention : rompre la solitude en ville et faciliter l’accès aux produits de première nécessité. Le soutien de la Fondation à ces causes s’exprime à travers trois moyens d’actions : les dons financiers à des associations nationales et locales, les dons de marchandises, et l’engagement citoyen des collaborateurs de l’entreprise.
« Les collaborateurs constituent le trait d’union entre l’entreprise et la Fondation Monoprix, et permettent ainsi de démultiplier notre engagement au-delà des dons.»
Ce troisième levier est primordial, car les collaborateurs constituent le trait d’union entre l’entreprise et la Fondation Monoprix, et permettent ainsi de démultiplier notre engagement au-delà des dons. Pour inciter les collaborateurs à s’engager auprès d’associations partenaires de la Fondation, nous organisons notamment chaque année les « Jours solidaires », une semaine d’actions citoyennes organisées au sein de notre siège et de nos magasins.
Au-delà du soutien financier que nous pouvons apporter aux associations, nous avons à cœur de les accompagner dans leurs projets, afin de favoriser leurs montées en compétences et leur développement au long-terme. Par exemple, nous leurs permettons, dans le cadre de l’appel à projets annuel réalisé en partenariat avec Ulule, de bénéficier d’une formation dispensée par les équipes d’Ulule sur le financement participatif. Nous organisons également chaque année une journée inter-associative, dans l’optique de créer du lien entre les associations partenaires de la Fondation Monoprix et de faciliter la mutualisation, le partage de compétences et de bonnes pratiques entre elles.
Que vous ont enseigné 10 ans d’actions en faveur du renforcement du lien social en ville ?
En 2019, il nous a paru nécessaire de faire le bilan de nos 10 ans d’actions, à la fois au regard de la cause que nous adressons et de la pertinence de moyens d’actions. Pour cela, nous avons mené deux travaux de bilan :
- un sondage auprès des Français sur la solitude en ville avec IPSOS[1].
Ce sondage est venu renforcer nos connaissances, notamment sur les multiples facettes de la solitude en ville. Cette thématique du lien social en ville est en effet extrêmement riche et variée. Derrière ce phénomène se cachent des enjeux aussi divers que les violences faites aux femmes, la grande errance, ou encore l’isolement lié à la vieillesse ou la maladie.
« Derrière le phénomène de la solitude en ville se cachent des enjeux aussi divers que les violences faites aux femmes, la grande errance, ou encore l’isolement lié à la vieillesse ou la maladie.»
En 2019, il nous a paru nécessaire de faire le bilan de nos 10 ans d’actions, à la fois au regard de la cause que nous adressons et de la pertinence de moyens d’actions. Pour cela, nous avons mené deux travaux de bilan :
- un sondage auprès des Français sur la solitude en ville avec IPSOS[1].
. Ce sondage est venu renforcer nos connaissances , notamment sur les multiples facettes de la solitude en ville. Cette thématique du lien social en ville est en effet extrêmement riche et variée. Derrière ce phénomène se cachent des enjeux aussi divers que les violences faites aux femmes, la grande errance, ou encore l’isolement lié à la vieillesse ou la maladie.
- une étude de mesure de son impact social avec le cabinet Eexiste[2].
Nous avons sollicité le cabinet Eexiste, spécialisé dans la mesure d’impact social, pour réaliser cette étude.
Cette dernière a tout d’abord permis de dresser un bilan quantitatif des 10 ans d’actions de la Fondation Monoprix : 28 millions d’équivalents repas ont été distribués par plus de 300 associations partenaires, 67,5 millions d’euros de marchandises ont été distribués et 2, 5 millions d’euros de mécénat financier ont été accordés à des associations, à plus de 160 projets solidaires. Mais plus que des données chiffrées, nous souhaitions obtenir des retours qualitatifs de nos bénéficiaires, car ce sont eux qui sont le mieux placer pour en parler. Nos partenaires ont notamment reconnu la pertinence de notre champ d’action, ce dernier étant aligné avec les valeurs de l’entreprise et ses activités de commerçant en centre-ville. Ils soulignent également l’impact déterminant du soutien de la Fondation d’entreprise Monoprix sur leurs activités. En effet, 98 % des associations assurent que l’aide apportée a permis de consolider leur projet et 75 % s’accordent à dire que cela les a crédibilisées auprès d’autres partenaires tout facilitant l’innovation et l’expérimentation. Au-delà du financement, l’étude a également permis de révéler que la Fondation Monoprix est reconnue par ses associations partenaires pour sa confiance, son écoute, et la qualité de la relation partenariale.
S’appuyant sur les résultats de ces deux travaux, nous avons donc souhaité concentrer notre action pour plus de lisibilité et d’efficacité.
[1] On y apprend que parmi les personnes souffrant de solitude : 28% sont dans une situation de précarité, 60% sont des femmes et 38 % ont moins de 35 ans.
[2] A la question, « quel public souffrant de solitude la Fondation devrait-elle aider en priorité ? » 44% des associations interrogées répondent « les personnes sans abri »
«Au-delà du financement, l’étude a également permis de révéler que la Fondation Monoprix est reconnue par ses associations partenaires pour sa confiance, son écoute, et la qualité de la relation partenariale.»
La Fondation Monoprix va œuvrer désormais en faveur de la lutte contre la solitude face à la rue. En quoi les travaux menés vous ont-ils aidé à réorienter vos actions ?
Les travaux menés cette année ont révélé que la question de la grande précarité et des sans-abris faisait partie des enjeux prioritaires à traiter autour de la solitude en ville. Pour le quinquennat 2019-2024, la Fondation Monoprix a donc choisi de concentrer son action sur la solitude face à la rue, et plus spécifiquement de venir en aide aux personnes sans-abris, souffrant d’isolement et aux citoyen(ne)s qui se sentent démunies, et seules, face aux personnes à la rue. Le sondage, l’étude d’impacts, et les nombreux échanges que nous avons eu avec les acteurs associatifs adressant cette cause nous permis de déterminer les axes d’intervention des projets que la Fondation soutiendra les prochaines années.
«La Fondation Monoprix a choisi de concentrer son action sur la solitude face à la rue, et plus spécifiquement de venir en aide aux personnes sans-abris, souffrant d’isolement et aux citoyen(ne)s qui se sentent démunies, et seules, face aux personnes à la rue.»
Quels types de projets pourront être ainsi soutenus par la Fondation Monoprix dans les prochaines années ?
Les projets que nous soutiendrons pendant la période 2019-2024 concerneront les thématiques du logement, de l’urgence, de l’accompagnement (notamment des jeunes, des femmes et des personnes âgées) et enfin du faire ensemble entre sans-abris et habitants des quartiers.
Sur le logement, seront financées :
- Les actions de prévention de l’expulsion: les dispositifs permettant d’accompagner les personnes en situation de précarité pour éviter de tomber à la rue ;
- Les cohabitations solidaires avec des personnes sans-abris.
Sur l’urgence, seront financés :
- L’accès à l’alimentation et à l’hygiène en finançant les associations partenaires qui ont signé une convention de dons en nature avec nos magasins ou entrepôts. Ce soutien permet de financer du matériel ou du fonctionnement. Pour les Banques alimentaires, les demandes se feront via la Fédération Française des Banques alimentaires ;
- L’aide aux maraudes organisées par des associations professionnelles, ou en lien avec des associations professionnelles (Samusociaux par exemple) ;
- Les accueils de jour ou de nuit.
Sur l’accompagnement, seront particulièrement retenus les projets concernant :
- Les jeunes issus de l’aide sociale à l’enfance : 26% des moins de 30 ans sans logement, nés en France, ont eu un parcours en protection de l’enfance (INSEE)
- Les femmes: 40% des personnes à la rue seraient des femmes (Samusocial)
- Les personnes âgées : 18 % des personnes ayant appelé le 115 avaient plus de 50 ans (Samusocial)
Autour du faire ensemble, seront appréciés :
- les projets visant à créer du lien entre les citoyens, habitants des quartiers, et les personnes à la rue : jardins collectifs, partages de savoir-faire, temps d’échange, ateliers de cuisine, ou autres initiatives de ce type.
La Fondation ne financera pas de projets tels l’insertion par l’activité économique ou le travail adapté. Sont également hors du périmètre d’action de la Fondation les domaines suivant : la santé, l’environnement, la nutrition, la culture et le sport.
Plus d’informations à retrouver sur le site internet de la fondation et la page dédiée aux dépôts des projets.
Propos recueillis par Oriane Hostin.
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