Les entreprises pour la Cité et EY ont dévoilé, le 25 septembre dernier, les résultats de la troisième édition conjointe du Panorama des fondations et fonds de dotation crées par des entreprises mécènes. Cette étude était très attendue des professionnels du secteur, tant au regard des résultats, qui d’année en année démontrent l’évolution des pratiques des structures d’intérêt général créées par des entreprises, qu’au regard du thème développé cette année : l’hybridation des modèles.
Publié tous les deux ans, le Panorama des fondations et des fonds de dotation créés par des entreprises mécènes est une étude réalisée conjointement par les équipes du réseau Les entreprises pour la Cité et d’EY, avec pour objectifs de poursuivre l’analyse des dynamiques à l’œuvre depuis 2014, et des évolutions du secteur des fondations en matière de mesure d’impact, de communication ou d’orientations stratégiques. Après avoir abordé les questions liées aux démarches d’évaluation en 2014, puis celles relatives à la notion d’intérêt général en 2016, l’édition 2018 du Panorama s’intéresse cette fois plus particulièrement à l’hybridation des modèles (économiques, organisationnel, etc.) des fondations et fonds de dotation.
La matinée de lancement du Panorama 2018
Le Panorama 2018 a été présenté en avant-première le 25 septembre matin dans les locaux d’EY. Philippe-Henri Dutheil, Avocat associé et Responsable national du secteur de l’ESS chez EY, et Antonella Cellot-Desneux, Déléguée Générale des Entreprises pour la Cité, ont introduit la présentation de l’étude, rappelant le contexte médiatique, légal et institutionnel dans lequel s’inscrit cette édition.
Kathleen McLeod, Avocate EY spécialisée en droit de l’ESS et Alicia Izard, Responsable de projets Mécénat et Investissements aux Entreprises pour la Cité, ont ensuite pris la parole afin de dévoilé les résultats marquants de l’étude.
La seconde partie de la matinée s’est concentrée sur le sujet de l’hybridation des modèles. Après avoir présenté les chiffres du Panorama sur ce sujet, Simon Bitaudeau, Responsable Mécénat et Investissements Citoyens aux Entreprises pour la Cité a interrogé Raphaèle Leroy, Directrice de l’engagement d’entreprise des réseaux France de BNP Paribas et Frédéric Bardeau, co-fondateur de Simplon.co. Tous deux ont partagé leur vision de l’hybridation des modèles économiques et la manière dont ils l’ont expérimenté dans leurs structures, rappelant l’importance du mécénat, et montrant comment ils développaient à ses côtés d’autres activités plaçant l’efficacité économique au service de l’intérêt général.
Ponctuée d’avis d’experts du réseau Les entreprises pour la Cité et d’EY, l’étude dresse ainsi une vision globale des fondations et fonds de dotation d’entreprise, à travers 4 grands chapitres dont nous vous dévoilons ici la synthèse.
L’évolution des fondations et des fonds de dotation en France
Depuis 2016, les structures d’intérêt général créés par des entreprises ont progressé de 32% : le nombre de fondations d’entreprise a augmenté de 14% depuis 2016, les fonds de dotation de 63%.
En 2018, les budgets annuels moyen et médian de ces structures s’élèvent respectivement à 1,4 million d’euros et à 740 000 euros, augmentant respectivement de 20% et 48% par rapport à 2016. Cette hausse importante du budget moyen se traduit par une augmentation de 7 points des fondations ayant un budget supérieur à 1 million d’euros par rapport à 2016.
En revanche, la dotation moyenne des projets soutenus poursuit sa diminution depuis 2014 : à 30 400€ en 2016, elle est passée à 19 400€ en 2018.
De la maturité à l’innovation
Maturité, engagement dans la durée et innovation sont les trois facteurs d’évolution des fondations et des fonds de dotation en 2018.
Enjeux : La plupart des structures d’intérêt général créées par des entreprises ont désormais conscience de répondre à des enjeux stratégiques pour l’entreprise :
Axes d’intervention : Les champs d’action majoritairement adressés par les entreprises mécènes concernent les enjeux de développement humain, qui ne cessent de gagner du terrain. Soutenue par 61% des répondants, l’éducation reste la cause privilégiée, suivie de près par l’action sociale (58 %) et l’insertion professionnelle (57 %).
Mode d’action : En moyenne, 70% des répondants agissent en faveur de 3 à 4 causes d’intérêt général différentes. De plus, 60% des fondations déclarent avoir déjà pris part à des actions de mécénat collectif (co-financement de projets avec d’autres mécènes).
Communication : Le budget annuel moyen alloué à la communication par les fondations et fonds de dotation s’élève à 55 600 €, soit 35% d’augmentation entre 2016 et 2018.
Évaluation : En 2018, 57% des répondants à l’étude déclarent mener une évaluation de leurs actions (-7 points depuis 2016).
Une place toujours plus grande donnée aux collaborateurs
En 2018, 83% des répondants à l’étude déclarent impliquer les collaborateurs de l’entreprise dans leurs activités, et 10% en ont le projet.
La majorité des fondations et fonds de dotation d’entreprise (70%) impliquent leur collaborateur en leur donnant la possibilité de soumettre des projets à soutenir, ou en leur proposant des actions de mécénat de compétences ou en détachement (57%).
Enfin, 74% des structures ayant répondu l’enquête déclarent que la mobilisation des collaborateurs participe à renforcer la cohésion interne au sein de l’entreprise.
Entre volonté d’autonomie et étroite collaboration
Si par le passé, les fondations avaient plutôt fait le choix de l’indépendance vis-à-vis de leur entreprise fondatrice, la majorité d’entre elles (61%) a désormais un objet social en lien avec le cœur d’activité de l’entreprise fondatrice.
Pour autant, l’alignement du mécénat avec la stratégie RSE ne semble pas faire consensus, puisque 41% des répondants à l’enquête revendiquent leur indépendance vis-à-vis de cette politique.
Concernant leur rattachement à l’entreprise fondatrice, les fondations sont de plus en plus rattachées à la présidence et à la direction générale (33% sont rattachées à la présidence, 22% à la direction générale).
Bien que le mécénat soit largement disséminé dans l’entreprise, les fondations et fonds de dotation restent le véhicule d’intérêt général par excellence (choisi par 63% des structures interrogées).
Enfin, la dernière partie du Panorama 2018 se concentre sur un sujet d’actualité qui fait débat parmi les acteurs du mécénat d’entreprise : l’hybridation des modèles, entendue comme la mise en synergie et la coopération entre les organismes d’intérêt général et les entreprises de nature commerciale, autrement dit entre secteur lucratif et secteur à but non lucratif.
Trois personnalités témoignent de leur vision de l’hybridation au sein de ce Panorama : Antoine Sire, Directeur de l’Engagement d’entreprise de BNP Paribas, Frédéric Bardeau, Co-Fondateur et Président de Simplon.Co ainsi qu’Antoine Broto, Responsable innovation et entrepreneuriat social à la Fondation VINCI pour la Cité.
Cette partie de l’étude révèle ainsi des chiffres inédits : si 89% des structures interrogées soutiennent des acteurs d’intérêt général, 24% d’entre elles soutiennent aussi d’autres acteurs de l’ESS (Scop, SCIC, entreprises labélisées ESUS) et 8% de ces structures soutiennent des sociétés commerciales classiques (à but lucratif).
Ces pratiques restent néanmoins à surveiller, afin qu’elles respectent le cadre juridique du mécénat et ne soient pas en danger sur le plan fiscal, d’autant plus que pour 75% des structures répondantes, l’hybridation des modèles ne constitue pas une zone de risque. Dans ce contexte, il convient ainsi d’appréhender l’hybridation des modèles avec précaution et de responsabiliser les acteurs afin de continuer à préserver le mécénat d’entreprise, clé de voûte des investissements citoyens.
Aujourd’hui, les avis sont partagés entre les structures favorables à soutenir d’autres types d’acteurs (24%), celles qui sont contre (32%) et les indécises. Cette indétermination traduit un flou à la fois juridique, technique et philosophique. En effet, les structures d’intérêt général ne sont pas toujours au fait des évolutions réglementaires et manquent de visibilité quant aux acteurs désormais éligibles au mécénat d’entreprise.
Pour les structures favorables à ces coopérations entre organisme d’intérêt général et entreprise de nature commerciale, l’hybridation des modèles représente ainsi différents intérêts :
Retrouvez l’ensemble des résultats, avis d’experts et témoignages dans l’étude complète. Les équipes de mécénova se tiennent à votre disposition pour répondre à toutes vos questions… N’hésitez pas à nous contacter !
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