Panorama des fondations et fonds de dotation créés par des entreprises mécènes (Les entreprises pour la Cité & EY)
La deuxième édition du Panorama se propose de poursuivre l’analyse des dynamiques à l’œuvre menée en 2014 et celle de l’évolution du secteur en matière d’évaluation, de communication ou d’orientations stratégiques, en s’intéressant cette fois plus particulièrement à la thématique de l’intérêt général. Réalisé conjointement par Les entreprises pour la Cité (ex IMS – Entreprendre pour la Cité, avec EY, le panorama s’inscrit dans la continuité de leurs travaux respectifs. Une occasion pour Jean-Paul Bailly, président du réseau Les entreprises pour la Cité de donner sa vision de l’intérêt général.
Par Jean-Paul Bailly, Président du réseau Les entreprises pour la Cité, Président d’Honneur du Groupe La Poste
L’Etat n’a plus le monopole de l’intérêt général depuis plusieurs années maintenant. Aujourd’hui, plus que jamais, la puissance publique n’est plus capable de prendre seule en charge les urgences sociales et nouveaux enjeux auxquels notre Société est confrontée. Au point même d’encourager très directement d’autres acteurs à prendre en main cette mission. Parmi eux, les entreprises, de part leurs investissements citoyens, contribuent grandement et comme jamais à ce défi collectif. Face à ces changements profonds, un fossé s’est pourtant creusé entre le cadre réglementaire, fiscal et juridique de l’Intérêt général et la conception de celles et ceux qui portent au quotidien ces missions en entreprise.
Du point de vue des entreprises mécènes et fondations d’entreprise, il paraît nécessaire de faire évoluer la définition « théorique » actuelle de l’intérêt général au profit d’une vision actualisée, moins floue, en phase avec les nouvelles pratiques. Je défends fermement l’idée selon laquelle aucune approche de l’intérêt général ne peut se faire sans avoir fait participer et écouter l’ensemble des parties prenantes en présence. Ce dialogue est primordial dans la construction d’une société de la confiance. L’entreprise, de plus en plus proactive dans la prise en charge de ses missions, est une partie-prenante à part entière. Et dans la réflexion actuelle qui accompagne l’évolution du concept d’intérêt général, ces éclairages n’ont d’autre vocation que d’apporter leur contribution à ce grand débat.
Les représentants d’entreprises qui se sont exprimées dans le cadre de cette étude convergent vers une approche à la fois pragmatique et philosophique qui consiste à considérer l’intérêt général comme une ouverture aux autres et qui porte l’idéal d’une action vouée au plus grand nombre. Au bénéfice de tous et au profit de chacun, servir l’intérêt général, c’est ainsi s’engager dans une recherche de sens commun, au sein d’une communauté d’intérêts partagés, dans une logique d’enrichissement mutuel et réciproque. Admettre que l’action de l’entreprise bénéficie au plus grand nombre, c’est alors accepter que l’entreprise, comme la Société dans son ensemble, puisse à son tour tirer profit de son investissement citoyen. C’est accepter qu’intérêt général et intérêt de l’entreprise ne soient plus dissociables.
Servir l’intérêt général, c’est aussi et surtout rester attentif et à l’écoute des nouveaux besoins sociaux et sociétaux, ainsi qu’à toutes les formes de fragilité qui menacent la prospérité de son écosystème. Et être un acteur d’intérêt général, bien au-delà des critères d’éligibilité, c’est prendre toutes ses responsabilités, dans la recherche de solutions efficaces, y compris à très court terme lorsque les urgences sociales se font pressantes.
Outre l’élargissement souhaitable des champs d’actions du mécénat, cette logique renforce dans l’esprit de nos entreprises l’obligation de performance de l’action. Pour y prétendre, de nouvelles formes de collaborations – dites de co-construction – et nouveaux modes d’expérimentation s’imposent. Que ces collaborations s’effectuent avec des acteurs reconnus comme d’intérêt général ou non importe peu. Qui peut en effet prétendre qu’une entreprise de l’économie sociale et solidaire par exemple ne vise pas l’intérêt général ? La vocation du bien commun réunit les mondes, rétablit le dialogue et dépasse les clivages. Et l’ultime intérêt reste le bien commun. Identifier collectivement les besoins prioritaires, expérimenter, s’associer pour co-construire et décupler les effets, innover, pérenniser, mesurer l’action et l’ajuster, la rendre accessible au plus grand nombre. Ces différentes étapes sont autant de maillons de la chaîne de création de valeur partagée. Elles contribuent globalement à l’intérêt de tous et de chacun.
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