Nombreuses sont les entreprises ou fondations qui, il y a quelques années encore, ne voyaient pas l’intérêt ou éprouvaient de la difficulté à mobiliser leurs salariés autour d’actions d’intérêt général. Les mentalités ont considérablement évolué et une grande majorité d’entreprises propose désormais à ses collaborateurs de s’impliquer dans ce type d’actions.
Le panorama des Fondations et fonds de dotation créés par les entreprises de 2014, publié par Les entreprises pour la Cité (Ex IMS-Entreprendre pour la Cité) et EY, révélait d’ailleurs que 70% des structures interrogées proposent d’ores et déjà ce type d’opérations. 23% des autres envisagent de les mettre en place dans les mois et années à venir.
Une professionnalisation grandissante
En très peu de temps, l’engagement associatif des salariés s’est imposé comme une nécessité pour des entreprises de toutes tailles, répondant en tout premier lieu à une recherche de sens ressentie par de nombreux collaborateurs, exacerbée par le contexte actuel de crise économique et le rallongement des carrières professionnelles.
Aujourd’hui, pour les entreprises membres du réseau Les entreprises pour la Cité, l’heure n’est plus à la généralisation… mais à la professionnalisation ! L’émergence d’un mécénat plus performant et de nouvelles formes de partenariats innovants répondent à la nécessité d’affecter rigoureusement ses ressources sur des projets à fort impact. Bénévolat et mécénat de compétences – voire pro bono – font de plus en plus l’objet de réflexions plus globales. En lien avec la stratégie RSE de l’entreprise et la politique mécénat qui en dépend, ces actions répondent à quatre grands enjeux ou leviers de performance pour l’entreprise : innovation, réputation et marque employeur, performance sociale/RH et ancrage territorial. Parmi eux, le développement des compétences des collaborateurs et la recherche de cohésion sociale sont les plus prisés. L’engagement associatif des collaborateurs devient peu à peu un outil à part entière de gestion des ressources humaines. Le dispositif de TPS (Temps Partiel Sénior) déployé notamment par Orange pour permettre à des salariés en fin de carrière de mettre leurs compétences au profit d’une association agréée par la fondation incarne par exemple cette nouvelle logique.
Si la plupart des entreprises se concentrent plus prioritairement sur un enjeu, d’autres font le choix de formaliser des programmes d’actions globaux destinés à leurs collaborateurs. Accenture, EY, Deloitte, Capgemini ou BNP Paribas proposent ainsi une sorte d’engagements « à la carte ».
Des logiques d’intelligence collective
Les entreprises visent aujourd’hui à optimiser, voire développer, leurs dispositifs de mobilisation. Un large spectre de formats de mobilisation y sont représentés, allant des actions de solidarité traditionnelles (courses solidaires, collecte de fonds, arrondi sur salaire…) aux dispositifs engageant les compétences professionnelles des collaborateurs (marathon de compétence, détachement à temps complet/partiel…).
Cette diversité d’aspirations se traduit également par la nécessité du sur mesure et l’apparition d’une multitude de nouveaux formats de mobilisation, propres à chaque projet. Et pour cause, aux approches standardisées, les entreprises les plus en avance préfèrent imaginer des actions dans la continuité de leur partenariat, dans une logique de co-construction avec leur porteur de projet, afin de faire rimer originalité et efficacité. Les entreprises pour la Cité, dont la vocation est de faire se rencontrer entreprises responsables et acteurs de l’intérêt général accompagnent régulièrement ces binômes dans la construction et l’orchestration du dispositif d’implication le plus adapté. De plus en plus, les actions de mobilisation des collaborateurs et de la définition des contreparties sont pensées en amont, lors du montage du partenariat, afin de capitaliser sur une approche complète (mécénat financier et mécénat en nature), au profit d’un engagement fort.
Il n’est pas rare non plus que l’entreprise propose à ses collaborateurs de contribuer à la sélection des associations qui bénéficieront de cette action. Dans ce cas, la phase de cadrage de la démarche est essentielle car elle permet d’assurer la cohérence de l’action avec les axes d’intervention du mécène. Très récemment et pour la première fois, Les entreprises pour la Cité a d’ailleurs accompagné l’une de ses entreprises membres dans la mesure du « potentiel d’engagement de ses collaborateurs ». Une étape qui de plus en plus se révèle essentielle dans ses dispositifs participatifs…
Une incarnation territoriale
Ces nouvelles tendances et pratiques se généralisent désormais à l’ensemble du territoire national. Quand les grands groupes déclinent ces opérations au niveau de leurs directions territoriales, ces actions prennent un sens supplémentaire et contribue au développement de leur ancrage territorial par une présence de proximité visible. De leur côté, les PME ne sont pas en reste. Si leur engagement associatif s’exprime de manière plus informelle et de façon moins cadrée, nombreuses sont celles qui se tournent vers Les entreprises pour la Cité pour les aider à formaliser ces engagements citoyens jusqu’alors effectués de manière spontanée. Les clauses RSE inhérentes aux marchés favorisent cette structuration progressive.
Mais en local, au sein des six régions où le réseau Les entreprises pour la Cité est présent, c’est la logique inter-entreprise qui prédomine et encourage les actions les plus emblématiques. Une logique inter-acteurs même pourrait-on dire, puisque le réseau se rapproche toujours davantage des collectivités et structures à vocation territoriales (fondations et fonds de dotation territoriaux), afin de coordonner ces démarches multi-entreprises basées sur des projets de proximité.
Par Sylvain Reymond
Source : Guide « Construire ensemble l’engagement associatif des salariés », MEDEF, Le Rameau (juillet 2016)
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