En matière de mécénat, l’approche innovante de la venture philanthropy peut inspirer les entreprises mécènes à plus d’un titre. En apportant un soutien financier et en compétences pendant plusieurs années à des structures d’intérêt général à fort potentiel, les philanthropes qui s’inspirent de cette approche anglo-saxonne espèrent ainsi renforcer durablement la capacité de ces organisations à produire un impact social significatif. A travers l’étude de trois organes philanthropiques inspirés de ce courant – la Fondation AlphaOmega, Break Poverty Foundation et Epic – mécénova vous propose ainsi de découvrir de nouvelles manières de soutenir et d’accompagner des projets associatifs et de produire de l’impact sociétal au long terme…
Par Oriane Hostin, Chef de projets mécénat & investissements citoyens aux Entreprises pour la Cité.
La venture philanthropy, considérée davantage comme une approche qu’un modèle, est née aux Etats-Unis à la fin des années 1990, et consiste à appliquer les principes et méthodes du capital-investissement (private equity) – et en particulier du capital-risque (venture capital) – au secteur non lucratif.
Selon l’European Venture Philanthropy Association, organisme de promotion de ce courant au niveau européen, la venture philanthropy se caractérise par un fort engagement et une approche de long-terme où un investisseur à impact soutient un organisme sans but lucratif dans le but de renforcer durablement ses capacités à produire et à évaluer son impact sociétal.
Les fondations inspirées de la venture philanthropy appliquent généralement trois principes de base, qui diffèrent du mécénat traditionnel : le financement sur mesure, adapté aux besoins de chaque organisme, l’accompagnement extra-financier, via l’apport de conseils stratégiques aux dirigeant.es par exemple, ainsi que la mesure d’impact social pour permettre à l’organisme d’améliorer ses activités. Dans cette approche, la finalité du don n’est pas de soutenir un projet spécifique, mais bien de développer les capacités de la structure dans sa globalité, dans une logique de financement structurel.
Dans cette forme de philanthropie, les montants alloués sont souvent importants, affectés sur une longue durée et le partenariat nécessite un degré d’engagement et de suivi élevé de la part du mécène et de l’organisme soutenu. Le processus de sélection des associations est particulièrement approfondi et sélectif, s’apparentant aux pratiques de due diligence [1] en vigueur dans le secteur du capital-risque, rendant ainsi les organisations bénéficiaires peu nombreuses, comme c’est le cas pour les trois structures étudiées dans ce dossier. Anne-Claire Pache, professeure titulaire au sein de la Chaire Philanthropie de l’ESSEC, résume ainsi l’enjeu principal de la venture philanthropy [2] : « construire un secteur social très performant via le financement et la montée en compétences de quelques organisations à fort potentiel. »
Encore peu développée en France, la venture philanthropy a tout de même inspiré une poignée de mécènes dans l’Hexagone, parmi lesquels Maurice Tchénio, fondateur de la Fondation AlphaOmega, Denis Metzger, créateur de la Break Poverty Foundation ainsi qu’Alexandre Mars, à l’initiative d’Epic.
Si elles ne se revendiquent pas toutes de ce courant, ces trois structures développent des démarches de soutien et d’accompagnement originales que nous avons souhaité étudier plus en profondeur.
La Fondation AlphaOmega
Nom : Fondation AlphaOmega
Statut : Fondation reconnue d’utilité publique
Date de création : 2010
Fondateur : Maurice Tchenio
Equipe opérationnelle : 7 personnes
Mission : Relancer l’ascenseur social en France en œuvrant pour l’éducation et l’accès à l’emploi des jeunes issus de milieux modestes
Créée en 2010 par Maurice Tchenio, un des pionniers du Private Equity avec sa société Apax Partners, la Fondation AlphaOmega reconnue d’utilité publique et abritante a pour vocation de s’investir financièrement et humainement, en priorité en France, afin de relancer l’ascenseur social en luttant pour la réussite scolaire et l’insertion professionnelle des jeunes issus de milieux modestes. Elle a été la première fondation française à épouser le modèle de la venture philanthropy. La Fondation AlphaOmega soutient à date 7 associations, avec près de 4 millions d’euros engagés, plus de 300 000 jeunes accompagnés et 50 000 enseignants impliqués chaque année : SynLab, Article 1, Réseau des Ecoles de la deuxième chance, Coup de Pouce, AFEV, Energie Jeunes et Entreprendre pour Apprendre.
- Identification des projets
La Fondation préfère concentrer ses efforts sur l’accompagnement personnalisé d’un nombre limité de projets mais à fort impact. Ainsi elle ne met pas en œuvre d’appels à projets. L’identification des associations passent par la veille permanente du secteur réalisée par ses équipes, les recommandations de son réseau ou des sollicitations spontanées d’associations.
La Fondation a cartographié le parcours scolaire d’un jeune ainsi que les principaux risques qui peuvent l’entrainer vers le décrochage ou une insertion manquée. Elle construit un portefeuille d’associations qui adressent tous ces moments clés, en sélectionnant sur chaque domaine les structures les plus performantes et celles étant susceptibles de compléter l’action du collectif déjà en place.
Soucieuse de rencontrer un maximum d’acteurs dans le domaine lors de sa veille, l’équipe de la Fondation oriente néanmoins son soutien vers des projets matures qui tendent à remplir les critères factuels suivant :
– Développer des programmes en lien avec l’éducation ou l’insertion professionnelle, auprès des jeunes issus de milieux modestes ;
– Avoir 3 ans d’ancienneté ;
– Se rapprocher des 10 000 bénéficiaires ;
– Assurer une présence relative au niveau national ;
– Disposer d’un budget supérieur à 1 million d’euros ;
– Avoir la volonté de changer d’échelle.
- Sélection – Instruction de projets
L’étude approfondie d’un nouveau projet ne se fait que lorsqu’une place se libère dans le portefeuille de la Fondation AlphaOmega, soit car une association est arrivée au terme de son accompagnement soit car les capacités de la Fondation ont augmenté et permettent de soutenir une nouvelle structure. Dans ce cas, la Fondation s’engage dans un processus de due diligence avec l’acteur qui lui semble le plus pertinent pour mettre en œuvre sa mission.
Pendant plusieurs mois, un Directeur d’investissement social de la Fondation étudie les activités et l’organisation de cette association pour s’assurer de l’assise théorique / scientifique de son programme et de son impact social, comprendre sa trajectoire de développement, identifier d’éventuels risques financiers et confirmer la qualité de l’équipe de direction et de la gouvernance. Cette évaluation passe par une analyse approfondie des documents, et données de l’organisation, des entretiens avec les équipes de l’association ou d’autres acteurs de l’écosystème ainsi que des visites sur le terrain. Cette période est aussi l’occasion de s’assurer de l’alignement culturel entre les deux structures et de l’accord réciproque sur les méthodes de travail.
A l’issue de cette phase d’étude, un rapport détaillé, concernant notamment les points forts et axes d’amélioration de l’association ainsi que les projections d’activités sur plusieurs années, est soumis au Conseil d’Administration de la Fondation qui est le décisionnaire final.
- Processus d’accompagnement des projets
Une fois sélectionnée, l’association bénéficie d’un accompagnement d’une durée minimum de 5 à 7 ans, afin de poursuivre son développement et de renforcer son impact. Chaque association est soutenue financièrement à hauteur d’au moins 150.000€ par an, fléchés sur le renforcement de la structure – par le recrutement de profils clés ou l’investissement dans des outils digitaux par exemple – et reçoit un soutien en compétences.
Ce soutien est mis en œuvre soit directement par les collaborateurs de la Fondation AlphaOmega, qui consacrent ainsi plus de 75% de leur temps à l’accompagnement des associations soutenues, soit en missions pro bono réalisées par ses entreprises partenaires comme Olivier Wyman, Devoteam ou Latham & Watkins. L’accompagnement concerne des leviers de transformation tels que le fundraising, le digital, la communication, le plaidoyer, le pilotage financier, la mesure d’impact, l’efficience opérationnelle…. Ces sujets sont identifiés conjointement avec l’association puis inscrits dans les conventions de partenariat. Le bon déroulement de ces accompagnements sur mesure et le renforcement des associations sont suivis tous les 6 mois par un reporting communiqué au Conseil d’Administration.
- Suivi et évaluation de projets
La Fondation AlphaOmega s’attache à mesurer l’impact à deux niveaux :
– Son impact sur les associations accompagnées : via un outil interne qui permet d’évaluer les axes d’accompagnement sur 3 piliers : l’impact social, la pérennité et la croissance. Les « photographies » successives des associations permettent de mesurer les progrès réalisés. Cet « outil-boussole », encore en phase d’essai, se révèle essentiel pour identifier les chantiers à venir.
– L’impact social des associations sur leurs bénéficiaires et leur écosystème. La Fondation et les associations conviennent ensemble de plusieurs indicateurs à renseigner tous les ans. Ces derniers recoupent des informations de moyens (budget, salariés, bénévoles…), des informations liées à la population bénéficiaire (nombre, âge, rattachement à une politique prioritaire type REP ou QPV [3]…) et des indicateurs de résultat (satisfaction, sorties positives, évolution de la confiance en soi…). En sus de ces enquêtes réalisées auprès des bénéficiaires, la Fondation soutient les initiatives d’évaluation d’impact de plus grande ampleur, telles que des études de cohortes dans le temps avec groupe témoin. Ces mesures d’impact doivent pousser les associations à améliorer régulièrement leurs programmes en s’appuyant sur les constats empiriques et des bases scientifiques.
Break Poverty Foundation
Nom : Break Poverty Foundation
Statut : Fonds de dotation
Date de création : 2017
Fondateur : Denis Metzger
Equipe opérationnelle : 7 personnes
Mission : Identifier et financer des solutions innovantes pour
prévenir la pauvreté et rompre le déterminisme social
auprès des jeunes les plus vulnérables.
Créée par Denis Metzger, Président de Chequers Capital, l’un des plus grands fonds d’investissement européens, la Break Poverty Foundation vise à trouver des solutions transformantes pour donner à tous les enfants et à tous les jeunes l’espoir de se construire hors du cercle de l’extrême pauvreté. A la fois redistributeur et opérateur, le fonds de dotation concentre ses actions autour de trois principaux domaines d’intervention : le soutien à la petite enfance, la prévention du décrochage scolaire et l’accès au premier emploi. Pour mener à bien sa mission, le fonds de dotation agit à travers trois leviers d’action :
– La Dotation d’Action Territoriale (DAT) : un dispositif novateur qui permet de créer des alliances entre les entreprises, les associations et les collectivités locales pour redonner un avenir à la jeunesse précarisée du territoire. La DAT a été testée sur trois territoires pilotes, à savoir Romans-sur-Isère, Nantes et Béthune, avant d’être introduite dans la Stratégie Nationale de lutte contre la pauvreté en 2018. Elle est aujourd’hui en cours d’essaimage sur 50 territoires pour bénéficier à 100 000 jeunes défavorisés. Chaque DAT est portée par un référent local formé et accompagné par Break Poverty tout au long de la démarche ;
– Le Financement national, consistant à identifier et à financer des programmes transformants sur le territoire, facilement réplicables dans d’autres villes françaises ;
– Le Financement international, consistant à identifier des projets à fort impact à l’international, essaimables sur d’autres territoires.
- Identification des projets
Partant du constat que les projets associatifs à fort impact sur les jeunes en difficulté manquent de ressources pour changer d’échelle et se déployer sur le territoire et que les entreprises sont nombreuses à souhaiter s’investir sur le sujet sans savoir comment, Break Poverty Fondation a développé un processus d’identification spécifique au dispositif de la DAT, et donc adapté à chaque territoire d’intervention. Première étape de ce processus, le diagnostic territorial consiste à définir les domaines d’actions prioritaires en matière de prévention de la pauvreté sur un territoire donné, puis à identifier les acteurs locaux capables d’apporter des réponses aux problématiques relevées et dont les bénéficiaires ont moins de 25 ans. Pour cela, le fonds privilégie le sourcing direct de projets plutôt que l’appel à projets, tout en s’appuyant sur des tiers de confiance (associations, pouvoir publics…) capables d’aiguiller leurs recherches. Par ailleurs, Break Poverty fournit aux acteurs de la DAT un répertoire d’associations qui, à l’échelle nationale, sont en capacité d’essaimer et d’apporter leur programme dans le territoire envisagé.
- Sélection – Instruction de projets
Une fois la phase d’identification achevée, le référent de la DAT rencontre et sélectionne les associations sur la base de 3 critères principaux : « Le porteur de projet peut-il apporter une réponse aux besoins locaux ? Peut-il prouver son impact ? Est-il capable de changer d’échelle ? ». Au-delà de ces critères, les structures en mesure de présenter les résultats d’une première évaluation d’impact augmentent leurs chances d’être sélectionnées. Toute association retenue est par la suite invitée à remplir une « fiche projet » visant à répondre aux trois questions citées précédemment, permettant ainsi au mécène d’évaluer la structure de manière globale.
A l’issue de cette étape, les projets sélectionnés sont présentés aux entreprises du territoire qui sont invitées à les financer, intégralement ou partiellement. Les fonds collectés peuvent être fléchés sur un ou plusieurs projets en fonction du choix du mécène. En moyenne, la mise en place d’une DAT permet de soutenir le changement d’échelle de 5 à 6 projets associatifs par territoire.
- Processus d’accompagnement des projets
La Break Poverty Foundation privilégie le soutien pluriannuel, d’une durée moyenne de 3 ans, mêlant don numéraire et soutien en compétences. Une fois sélectionnée, l’association bénéficie ainsi d’un accompagnement financier dont le montant varie de 20 000 à 80 000 € en fonction de deux facteurs : le nombre de bénéficiaires qu’elle estime atteindre et le changement d’échelle envisagé. En plus de cette aide, elle assure deux formations gratuites, l’une sur l’évaluation d’impact et l’autre sur la collecte de fonds. A ce soutien extra-financier s’ajoutent également un temps de rencontre annuel entre les organisations bénéficiaires – dans le but de favoriser le partage de bonnes pratiques – ainsi que des rendez-vous entre associations et mécènes tous les 6 mois pour faciliter le dialogue et le reporting entre ces acteurs. Sur le plan technique, un suivi déclaratif permet d’évaluer l’évolution du plan d’action, du budget et de l’impact social du projet.
- Suivi et évaluation de projets
Habituellement, l’évaluation d’impact social est réalisée par un collaborateur de Break Poverty ou le référent territorial pour chaque DAT. Pour l’accomplissement de cette dernière phase, le fonds de dotation s’est inspiré de la méthode MESIS, adaptée en fonction d’indicateurs choisis avec les associations selon leurs spécificités. Bien que l’indicateur du nombre de bénéficiaires soit pris en compte dans l’évaluation, il reste secondaire face au critère du « déploiement des modes d’actions » qui doit atteindre les 80% pour que le projet soit considéré comme une réussite. Toute association est donc soumise à une obligation de moyens et non de résultats. Parmi les acteurs qui ont pu bénéficier de l’expertise de Break Poverty figurent des associations locales telles que l’Envol dans la Ville de Béthune ou encore Les Plombiers du Numérique et la Digitale Académie présents à Romans-sur-Isère.
Depuis 2020, l’essaimage de la DAT fait également l’objet d’un dispositif d’évaluation mené par le cabinet Koreis.
Epic
Nom : Epic Foundation
Statut : Fonds de dotation
Date de création en France : 2015
Fondateur : Alexandre Mars
Equipe opérationnelle en France : 6 personnes
Mission : Trouver, sélectionner, soutenir et suivre des organisations à fort impact pour catalyser leur impact sur les enfants et jeunes défavorisés
La genèse d’Epic commence en 2014 aux Etats-Unis, quand son Président-Fondateur, le serial entrepreneur Alexandre Mars, décide de réaliser son ambition de longue-date : faire en sorte que chaque enfant et jeune ait les mêmes chances. Après la réalisation d’une étude de marché qui révèle la nécessité impérieuse de restaurer la confiance entre les donateurs et les organisations sociales grâce à une solution d’impact, Alexandre créé Epic, réunissant autour de lui une équipe d’experts de tous horizons. Ensemble, ils développent une méthodologie de due diligence à la pointe du secteur philanthropique afin de constituer et gérer un portefeuille d’organisations sociales à fort impact à travers le monde. Epic les choisit à un moment critique de leur développement, où le soutien d’Epic – principalement du financement pluriannuel non-fléché, une vraie particularité dans le secteur – pourra être catalyseur.
Epic intervient principalement dans 4 domaines : la santé, la protection des droits, l’éducation et l’empowerment économique. Epic compte aujourd’hui 16 collaborateurs présents dans les différents bureaux d’Epic en France, au Royaume Uni, en Belgique et aux Etats-Unis. A ce jour, le portefeuille Epic regroupe 26 organisations présentes dans 11 pays.
- Identification des projets
Epic a d’abord privilégié l’appel à projet ouvert en continu avant de s’orienter en 2019 vers le sourcing d’associations grâce aux prospections réalisées par l’équipe Epic elle-même et sur recommandations de leurs partenaires et réseaux. Un changement de méthode qui s’explique notamment par le succès rencontré par Epic dès ses débuts : environ 4000 organismes postulants contre seulement 5 projets finaux sélectionnés en 2018. Que les associations se rassurent, il est toujours possible de manifester son intérêt auprès d’Epic en candidatant sur leur plateforme.
Afin d’assurer la bonne diversité du portefeuille, en termes de causes soutenues, de localisation des associations et de besoins sociétaux adressés, Epic privilégie, selon les années, des zones géographiques ou des champs d’intervention différents. Par ailleurs, l’équipe porte une attention particulière à la théorie du changement de chaque organisation et la manière dont elles sont en capacité de mesurer leurs impacts.
- Sélection – Instruction de projets :
Le processus de sélection et de monitoring d’Epic comprend 45 points d’analyse de données quantitatives et qualitatives dans trois principaux domaines :
– L’impact social des organisations sociales candidates au portefeuille d’Epic : quels objectifs sociaux cherchent-elles à atteindre ?
– Leur gestion opérationnelle : l’organisation est-elle efficace et son action s’inscrit-elle dans la durée ?
– Leur leadership et gouvernance : le management de l’organisation est-il composé d’une équipe compétente et éthique ?
De ces 3 axes découlent 15 critères d’éligibilité définis par Epic, et qui se répètent lors des 3 phases de due diligence :
– Tout d’abord, une vérification de l’éligibilité des structures retenues suite à la période d’identification est réalisée à travers un questionnaire. Cette première phase permet de vérifier que l’organisation est en adéquation avec les priorités d’Epic en termes de taille, âge, budget, nombre d’usagers, pays d’implantation, innovation sociale et preuve d’impact.
– Par la suite, un second questionnaire plus complexe, doublé d’un entretien avec l’équipe programmes d’Epic permettent d’affiner la sélection des candidatures.
– Enfin, les associations finalistes passent un dernier grand entretien avec les équipes de sélection et le management d’Epic qui est suivi d’une visite sur le terrain.
- Processus d’accompagnement des projets
Au sein d’Epic, le monitoring est envisagé comme un dialogue étroit avec les organisations. C’est pourquoi il est assuré de manière continue à travers des interactions régulières avec l’association. De plus, chaque trimestre, des échanges téléphoniques sont organisés pour analyser l’évolution des 15 critères de performances ainsi que d’indicateurs définis en amont conjointement par la structure et Epic. Dès que possible, et au minimum une fois par an, l’échange a lieu physiquement et peut prendre la forme d’une visite de terrain.
Cet accompagnement propre à Epic fait l’objet de rapports critiques qui sont agrégés et diffusés une fois par an. Les analyses du monitoring sont réservées aux donateurs du fonds de dotation afin de les maintenir informés de l’évolution des programmes, de visualiser les indicateurs de performance des associations et leurs évaluations qualitatives.
- Suivi et évaluation de projets
Le suivi d’impact social, conçu à partir des 15 critères de sélection d’Epic, est présent à chaque étape du processus d’accompagnement des projets : de la sélection (5 des critères portent sur l’impact), à l’accompagnement (monitoring). Epic s’applique donc à mesurer l’évolution de l’impact social des structures soutenues de manière rigoureuse, puisque celui-ci forme le cœur de son modèle. Ces informations sont mises à disposition dans les rapports de monitoring afin d’assurer la plus grande transparence possible avec ses partenaires et le grand public.
Les pratiques des trois acteurs philanthropiques développées dans ce dossier peuvent inspirer les entreprises mécènes à plusieurs niveaux. En privilégiant un soutien sur plusieurs années, en proposant un programme d’accompagnement extra-financier ou encore en s’efforçant d’évaluer l’impact des projets sur leurs bénéficiaires, ces « venture-philanthropes » mettent en avant une forme de mécénat qui dépasse le simple soutien financier et s’inscrit dans une véritable logique de développement voire de changement d’échelle des acteurs de l’intérêt général. Aujourd’hui, cette vision de la philanthropie tend à séduire de plus en plus d’entreprises mécènes, soucieuses d’aller plus loin dans leur relation avec leurs partenaires et de renouveler leurs pratiques pour un impact sociétal plus fort. Force est de constater cependant que les principes sur lesquels reposent la venture philanthropy (due diligence, accompagnement extra-financier et évaluation de projets) nécessitent de disposer de moyens financiers et humains importants, tant chez le mécène qui sélectionne, instruit, accompagne et évalue son partenaire que chez le porteur de projet, qui doit être en mesure de s’investir pleinement dans ce partenariat de long-terme.
[1] En finance, la due diligence, ou diligence raisonnable, est l’ensemble des examens qu’un éventuel acquéreur ou investisseur réalise avant la signature d’un contrat ou d’une transaction afin d’évaluer la situation d’une entreprise.
[2] https://www.fondationdefrance.org/fr/parole-dexpert-anne-claire-pache
[3] Réseaux d’éducation prioritaires (REP) et Quartier Politique de la Ville (QPV).
Comments are closed.