Le 1er septembre 2017, Antonella Cellot-Desneux rejoignait Les entreprises pour la Cité, réseau d’entreprises investies dans l’innovation sociale, succédant à Frédérique Poggi en qualité de Déléguée Générale. Spécialiste des questions de RSE et d’innovation sociale, elle a dirigé plusieurs départements du groupe SFR avant de mettre son expertise au service de grandes associations caritatives. Aujourd’hui, elle s’empare avec les équipes du réseau, d’un nouveau défi : permettre aux entreprises de s’affirmer comme le moteur de l’innovation sociale.
Du conseil stratégique au « management transformatif »
Diplômée en Econométrie et Marketing, Antonella Cellot-Desneux a débuté sa carrière comme consultante spécialisée dans les marchés d’échanges. Après plusieurs missions d’organisation pour le compte de la Générale des Eaux, elle rejoint SFR pour en prendre la direction IT en 1997. Sans le savoir, elle ouvre une brèche puisqu’elle y évoluera pendant 17 ans, « changeant de métier comme de chemise » comme elle l’exprime avec enthousiasme.
Elle assumera durant six ans la direction de la Production logistique, avant de se voir confier la structuration de la direction Qualité du groupe. En 2006, elle est appelée à la tête du Système d’Information RH et Paie, alors en difficultés. « J’arrivais dans une équipe décomposée où les salariés n’étaient pas reconnus, avec entre les mains la gestion de la paie, sujet d’une complexité inouïe ! Mais j’ai eu une chance extraordinaire : les équipes m’ont suivie et nous avons (re)découvert des personnes hyper compétentes ».
En 2007, forte de ses expériences en conduite de projets, le groupe propose à Antonella d’organiser en transversal le développement durable de SFR. « Je me suis intéressée à un sujet que je ne connaissais pas, avec le sentiment d’avoir trouvé enfin ma matière ! ». C’est ainsi qu’elle intègre dans son prisme les directions Citoyenneté Innovation sociale, Business et Développement durable, ainsi que la Fondation SFR pour l’égalité des chances. « Ce fut une sacrée école ! Le 360° dans l’entreprise, car j’ai finalement pu en voir toutes les dimensions ».
Très engagée à titre personnel – notamment administratrice d’ARES, de Log’ins et de Resolis – Antonella a souhaité poursuivre son parcours auprès d’associations telles que l’AFM-Téléthon, La voix de l’enfant, ou encore la Fédération 3977. « Des expériences particulièrement stimulantes, qui m’ont ouverte à de nouveaux sujets – notamment l’univers médical – et qui m’ont amenée à explorer, développer ma créativité à un sens aigu pour trouver des solutions ». Une sémantique de la découverte et de l’audace, qui n’est pas sans rappeler les explorateurs et autres chercheurs d’or.
Encourager des engagements d’un nouveau genre
Antonella Cellot-Desneux a toujours été convaincue qu’il faut installer les politiques d’investissements citoyens au cœur de la stratégie de l’entreprise. « Chez SFR, c’est grâce et avec le concours d’une gouvernance particulièrement engagée, que nos équipes ont pu amener l’engagement du groupe à un niveau aussi élevé », affirme-t-elle.
Ainsi, SFR a imaginé avec Emmaüs Défi un programme de téléphonie solidaire (aujourd’hui devenu Emmaüs Connect) pour proposer à des personnes en situation de fragilité, des cartes prépayées à tarif très bas, couplées à un accompagnement pédagogique pour mieux maîtriser leur consommation, comprendre leur facture et assainir les difficultés éventuelles avec leur opérateur. « Un projet structurant et inédit, qui permettait de rapprocher l’engagement de l’entreprise de son cœur de métier. C’était aussi un vrai tournant sur le plan social, puisque nous prouvions notre capacité à faire autant pour les plus démunis que pour nos clients habituels » explique Antonella. À travers du mécénat de compétences, c’est une centaine de collaborateurs de l’entreprise qui ont participé à la conception du contenu pédagogique au déploiement logistique du programme, jusqu’à la formation des équipes d’Emmaüs Défi aux offres mobiles.
Enfin, l’engagement du groupe aux côtés des acteurs de l’insertion et du handicap a permis d’accompagner la création de la première Joint-Venture Sociale (JVS) en France : Log’Ins, une Entreprise Adaptée orientée vers l’insertion des personnes handicapées en entreprise classique, née du mariage entre l’association Ares et l’un des leaders mondiaux de la supply chain, XPO Logistics.
« Il nous a fallu lever des préjugés – dont nous n’avions d’ailleurs pas été exemptes – à l’encontre de ce secteur mal connu et solutionner des freins structurels, explique Antonella, mais nous avons réussi à combiner le meilleur des deux mondes pour définir des solutions concrètes, dont la création de cette ‘entreprise adaptée d’un nouveau genre’ » explique-t-elle. SFR a ainsi signé le premier bon de commande de Log’Ins en 2012 et continué à encourager son activité par un soutien financier et l’achat de prestations.
Faire de l’Entreprise le moteur de l’innovation sociale
Et Les entreprises pour la Cité ? « Un choix évident. Parce que le réseau est au cœur de l’innovation sociale, et qu’il joue un rôle essentiel, de passerelle entre les entreprises et l’intérêt général. » Lorsque l’on questionne Antonella Cellot-Desneux sur sa stratégie, sa réponse est limpide : capitaliser sur l’existant et user de sa capacité à embarquer tout le monde, pour co-construire les solutions avec les équipes, administrateurs et les membres du réseau. « Le réseau a déjà tout pour remplir sa mission, il a été pionnier sur bon nombre de sujets. Je souhaite lui donner un nouvel élan et libérer les énergies pour permettre aux projets de se concrétiser ».
Selon Antonella, le rôle grandissant des entreprises dans l’innovation sociale est un juste retour à ce qu’elles ont été, historiquement. « Il y a 100 ans, les entreprises familiales comme Michelin ou Mulliez étaient des sortes de ‘parents’ omniprésents pour leurs salariés, qu’elles logeaient et blanchissaient, dont elles s’occupaient des études et de la santé. Avec l’avènement du capitalisme, le mode inverse s’est imposé et les entreprises ne se sont plus occupées que de leur business. Aujourd’hui on ne réinvente rien, on revient à des fondamentaux en affirmant que l’entreprise doit agir hors de ses murs, tenir compte des personnes qui travaillent pour elles, (re)donner de la confiance, permettre aux acteurs clé d’agir… En s’affirmant comme le moteur de l’innovation sociale, les entreprises redeviennent le maillon essentiel d’une boucle », explique-t-elle pragmatique et enthousiaste.
Propos recueillis par Alicia Izard
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