Amélie André, « Nous essayons d’avoir une forme d’agilité dans la manière de financer les projets et d’investir de façon innovante »
Quelle autre fondation d’entreprise pourrait correspondre mieux à Amélie André que celle du groupe Rexel pour le progrès énergétique ? Impliquée sur les sujets de la science environnementale et du développement durable dès ses études, alors même que ce type de spécialité était nouveau dans les écoles de commerce et de management comme la sienne (ESCEM), elle a su faire de ses convictions sa profession…
D’abord consultante, elle a apporté son expertise à de nombreux acteurs publics et privés, envisageant d’abord avec eux leurs stratégies de développement durable, mais se penchant également avec intérêt sur d’autres sujets tels que la RSE et les engagements citoyens des entreprises. Il y a 2 ans, sa prise de fonction à la tête de la fondation Rexel, qui incarne la RSE d’un groupe substantiellement lié aux questions de climat et d’énergie, lui paraissait tout naturel…à la croisée de ses différentes aspirations professionnelles.
Une fondation qui contribue à la performance de son groupe
Son premier grand challenge : penser et mettre en œuvre la stratégie de la toute jeune fondation, en structurer le développement, le champ d’action… « Pour le progrès énergétique » : plus qu’une cause, un crédo clairement exprimé et revendiqué. « Aligner le domaine d’intervention de la structure sur le cœur de métier de l’entreprise était un véritable choix stratégique, fait, à la fois pour entrer en cohérence avec les enjeux économique et business du groupe et pour inciter un maximum de collaborateurs à s’investir avec la fondation » précise Amélie André. Objectifs remplis : ce crédo fédère très largement. Un réseau d’ambassadeurs se créé petit à petit dans les pays où Rexel est implanté ; de son côté, le groupe intègre la fondation dans sa stratégie développement durable dont elle incarne l’un des piliers. A juste titre, semble-t-il, car la secrétaire générale se déclare convaincue que la fondation contribue à la performance du groupe. « Même si nous n’avons pas encore pris le temps de la mesure, ce type d’outil (la fondation) permet à la fois de capter un flux de partenaires en créant ou renforçant des liens qui peuvent générer du business et d’impacter positivement l’engagement des collaborateurs dans leur travail ».
Au-delà du mécénat traditionnel, investir avec agilité…
Afin de répondre à ces enjeux de façon la plus complète possible, la fondation consacre ses moyens à trois types de programmes : des projets solidaires, portés par des associations favorisant l’accès à une énergie efficace et propre, le soutien du monde académique pour des travaux de recherche autour de l’efficacité énergétique, sa compréhension et son amélioration et enfin des projets d’innovation sociale. Ces derniers, issus d’entreprises sociales, sont une nouvelle forme de mécénat, moins traditionnelle, née avec l’apparition de nouveaux acteurs économiques et les problématiques grandissantes d’hybridation des ressources des associations. « Notre engagement dans ces projets, qui n’était pas planifié au départ, s’est fait tout naturellement car finalement inhérent à notre positionnement » affirme Amélie André.
Pour elle, il est temps de sortir du champ habituel du mécénat, pour à la fois trouver des réponses appropriées et faire évoluer le monde associatif et l’ESS ensemble. « Comme je considère que la fondation est plutôt petite à moyenne en termes de ressources humaines et budgétaire, nous essayons d’avoir une forme d’agilité dans la manière de financer les projets et d’investir de façon innovante » poursuit la secrétaire générale.
Ainsi, intéressée par l’expérimentation, tant sur le fonds que sur la forme des projets, la fondation Rexel explore actuellement les possibilités offertes par le dernier né des outils de financement de l’innovation sociale : le Contrat à Impact Social. « Il pourrait être un système approprié pour un projet que l’on mène au sein de l’Action Tank Entreprise & Pauvreté autour de la rénovation énergétique des copropriétés fragiles ».
Au-delà des clivages… réunir les mondes
Une fondation agile donc, que sa responsable pense comme un facilitateur de liens dans un écosystème qui a pour mission le progrès énergétique. « La dimension partenariale est très importante dans notre engagement, elle est dans l’ADN de la fondation comme dans celui du groupe Rexel » souligne Amélie André qui s’attache au quotidien à faire travailler ensemble entreprises classiques, associations, secteur de l’économie sociale et solidaire et monde académique. L’envie est de mutualiser les efforts, les outils et les connaissances pour aboutir à de nouvelles solutions sur leurs problématiques communes.
« Un mécénat collaboratif, collectif et co-construit qui dépasse les clivages et réunit les mondes. Un système qui permette vraiment de soutenir des porteurs de projets aux statuts divers, qui aiderait l’apparition d’une véritable synergie dans un écosystème au sujet spécifique », voilà le mécénat innovant que définit Amélie André. L’entreprise a sa part à prendre dans le développement d’une œuvre multi-partenariale et la création de valeur partagée, elle en est certaine.
Propos recueillis par Gwenaëlle Ginot
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