Le jeudi 10 octobre dernier, la Fondation M6, engagée pour l’insertion professionnelle des personnes détenues, organisait une soirée-débat portant sur le thème des alternatives à l’incarcération. Retour sur cette soirée riche en partages.
Depuis sa création en 2010, la Fondation M6 allie les actions de terrain et de sensibilisation pour lutter contre la récidive. Son objectif est de permettre la réinsertion des personnes ayant connu un épisode carcéral dans la société civile, à commencer par le secteur professionnel. Elle lutte ainsi contre l’illettrisme et pour l’accès à l’éducation, avec l’idée que la culture est un vecteur de resocialisation. Estimant que les efforts pour décloisonner les deux mondes doivent venir de chaque côté, aidée par des partenaires du monde associatif et plusieurs centaines de ses collaborateurs, elle se bat en outre pour que la société change de regard sur le rôle de la prison.
Nathalie Renoux, marraine de la Fondation et journaliste-présentatrice des journaux télévisés de la chaîne, était l’animatrice de la soirée. Au cours de celle-ci, les invités ont pu assister aux partages d’expérience de quatre intervenants : Suresh T., « compagnon » des Foyers Matter et employé de cuisine en restauration collective, Angélique Heidseick, vice-présidente du tribunal de grande instance de Versailles, Cécile Dangles, vice-présidente chargée de l’application des peines au tribunal de grande instance de Lille ; et Marc Renart, vice-président des Foyers Matter (association qui accompagne des personnes condamnées en aménagement de peine). Ces échanges ont ensuite été suivis d’un temps de questions-réponses des partenaires associatifs et anciens détenus.
Parmi les enjeux évoqués, celui de l’incarcération des personnes avant leur jugement. Selon Marc Renart, cela ne peut plus continuer « quand on sait qu’il y a 20 000 prévenus (en attente de jugement) et 10 000 personnes en surnombre par rapport au nombre de places en prison ». Suresh T., lui, soulignait l’importance de l’accompagnement pendant l’incarcération qui se doit d’être humain. Il souhaiterait que tous les accompagnateurs des personnes détenues soient considérés comme des personnes normales car cela leur permettrait de mieux se réconcilier avec la société.
Le regard du monde extérieur sur les détenus n’est pas le seul frein à leur réconciliation et réinsertion. En effet, le logement et la santé constituent des obstacles significatifs. Il en va de même pour l’emploi, thématique dont la Fondation s’est saisie. Cécile Dangle rappela alors la nécessité de travailler ensemble, tant avec les personnes suivies que les acteurs de l’intérêt général, pour améliorer cet aspect. Cependant, pour pallier ces freins, les alternatives à l’incarcération devraient être davantage envisagées et cela passe par une évolution de l’opinion publique sur cette question. Pour Isabelle Verracchia, déléguée générale de la Fondation M6, cela passe par des actions de sensibilisation. Elle incite alors les personnes présentes à la soirée-débat à venir accompagnées par une personne de leur entourage étrangère à ces questions lors des soirées à venir.
Pour Angélique Heidsieck, le législateur a aussi son rôle a joué. Selon elle, celui-ci a mené des lois et réformes qui incitaient les juges à prononcer des sanctions alternatives à la prison. Une nouvelle loi de programmation pour la justice est également en cours mais l’évolution de la pratique des magistrats reste nécessaire pour parvenir à cet objectif.
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